EDITO Vols libres

Dans le numéro 289 de juin 2023, nous abordons le domaine du trapèze volant sous deux formes distinctes : la voltige classique, portée au plus haut niveau par la famille Caballero, et l’école française qui, dans une tradition imaginée par Jean Barret-Zemganno dans les années trente, recherche l’équilibre entre technique et dramatisation.

C’est une recherche délicate : la simple succession de performances peut émousser l’intérêt même si la perfection du geste des voltigeurs apporte le même ravissement que celle des attitudes du danseur classique.

D’un autre côté, la mise en scène des envols génère de pures émotions mais l’excès de dramatisation et une tendance trop affirmée à faire d’un numéro de trapèze volant une forme de jeu scénique risque de dénaturer le propos.

Ces deux tendances se rejoignent lorsque on considère que le trapèze volant est, avant tout, une expérience humaine collective et que c’est la diversité qui sera l’agitateur d’idées nouvelles assises sur des principes anciens tels que le rythme des ballants et le timing des prises.

Cette démarche touche toutes les disciplines du cirque : partout on recherche la nouveauté tout en respectant la cohérence artistique, comme nous l’ont montré le dernier Festival Mondial du Cirque de Demain et celui, plus récent, de Gérone, dont nous rendons compte dans cette revue.

C’est ainsi que bat le cœur du cirque pour produire un sang neuf, et c’est pour cela que nous l’aimons tant.

Une histoire méconnue
L’histoire du premier Cirque Pinder, que nous nous proposons de conter, présente de nombreuses différences avec ce qu’on a pu lire jusqu’à maintenant. Il est vrai que les écrits sur ce sujet restent rares. Henri Thétard n’y consacre que quelques lignes dans sa Merveilleuse Histoire du Cirque, et nos amis anglais s’intéressent plutôt à ce qui concerne le cirque que fonda en Écosse Edwin John Pinder, le fils naturel de Emma, la sœur de William et George Pinder. Seul Jacques Garnier s’était penché sérieusement sur l’histoire du « vrai » Pinder en recueillant les confidences de James Lewis Pinder pour écrire son livre (1). S’il avait disposé d’une documentation abondante et fiable pour retracer les aventures de Théodore Rancy dans un ouvrage de référence (2), il n’a pas trouvé les mêmes sources pour narrer l’histoire de William et George Pinder.
Grâce aux nombreuses possibilités que nous offrent aujourd’hui les sites de généalogie et les banques de données de la presse numérisée, il nous a été possible de cerner au plus près cette histoire, méconnue dans sa plus grande partie.
Nous nous sommes essentiellement appuyés sur les ressources de la British Newspaper Archive, des sites d’archives de presse numérisées de Belgique, d’Espagne, des Pays-Bas et d’Allemagne, ainsi que sur les possibilités offertes dans notre pays pour consulter la presse ancienne. Les sites Geneanet.org et MyHeritage.com ont été un précieux secours pour fixer le plus exactement possible les origines de la famille Pinder, de même que les deux volumes rédigés par John Turner sous le titre Victorian Arena : The Performers (3). La généalogie établie par Mme Guerault, descendante de William Pinder a été très utile. Nous remercions le docteur Alain Frère qui nous a fourni l’essentiel de la documentation, et tout particulièrement Mme Billie Stallebrass, petite-fille d’Arthur Pinder et fille d’Herbert Pinder, qui a bien voulu nous donner accès à des documents inédits de sa famille.
1. Les Histoires de cirque de Lewis-James Pinder dit Arthur. Éditions Jacques Garnier, 1978
2. Théodore Rancy et son temps. Éditions Jacques Garnier, 1975 3. Victorian Arena : The Performers. Lingdales Press, 1995
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